Quel cirque !

Entouré de clowns, de piètres acrobates et de marionnettes, confiné sur une triste piste où tous tournaient en rond, pourquoi devait-il continuer à vivre dans ce cirque ?

Il s'est approché du précipice
et il a sauté. Clap de fin. Adios.

Sans un regard en arrière, sans hésiter, il s'est jeté dans le vide pour rejoindre le néant, dans sa quête radicale et muette de liberté. C'était un jour de printemps. L'air s'adoucissait et les oiseaux avaient envie de chanter. Mais cela ne suffisait plus car la beauté était devenue trop inaccessible, distante, fugace.

Dans un quotidien fait de sombre, de laid, dans cette ville aux murailles inutiles, perforées et grises, peuplée d'ombres aux âmes meurtries, il errait à la marge de rues trop étroites, infestées de gaz d'échappement et remplies de bruit. Il avait tenté de changer les choses, de les envisager autrement. Mais en vain. Il avait été agressé pour quelques sous arrachés, il avait été rabaissé par quelque pouvoir illusoire, il avait été trahi par quelque égoïste intéressé, et il avait été blessé par quelque amour feint.

Jour après jour, il avait appris à haïr ses semblables, à détester leur bêtise, jusqu'à vouloir leur anéantissement : qu'il soit immédiat et douloureux.

Il ne savait pas comment s'y prendre. Parce qu'il n'était pas une apocalypse, il a refusé de faire partie de cette bande stupide, de ces moutons consommants et connectés, à l'œil jaune et au cerveau mou qui faisaient d'eux des ignares sublimes, perclus de certitudes et de méchanceté. Autant partir, seul et pas de regret.

Dans son dernier souffle, telle une sentence absurde,
il a maudit les hommes
pour leur infamie et il a rejoint la mort.