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Eclatobulle

Les herbes hautes

30 Avril 2011 , Rédigé par livre.eclatobulle.over-blog.com Publié dans #Autobiographique

 

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Les herbes hautes

 

Je me tenais immobile, au ras du sol et je respirais le parfum de l’herbe chauffée par le soleil. Quelques fleurs jaunes et blanches, dont je ne connaissais pas le nom, poussaient par endroits et distillaient dans l’air leurs senteurs âcres. Ce dernier était lourd, épais et une brume de chaleur était en train de se former au loin. En fin de journée, l’orage gronderait sur la plaine et avec lui reviendrait un peu de fraicheur pour la nuit.

 

“Maman s’endormirait plus facilement ce soir !” pensais-je en regardant le ciel bleu légèrement voilé.

 

J’étais dans la grande pâture qui jouxtait le jardin de mes parents. Je m’y rendais souvent, car le fermier n’y mettait que rarement ses vaches à paître. Cette pâture, c’était un point de départ… pour de longues escapades dans la campagne environnante. De grands saules la bordaient sur un côté, barrant le passage et tout autour, il y avait une clôture en fils de fer barbelé.

 

A cause des grands saules, il était impossible de la contourner pour me rendre dans la plaine.

 

Pour la rejoindre, il me fallait donc entrer dans la pâture et donc franchir une première fois la clôture. Heureusement, l’un des grands saules avaient des branches basses qui me facilitaient le passage.

 

Au milieu de la pâture, il y avait quatre vieux pommiers qui, à la fin de l’été, donnaient encore de belles pommes jaunes et rouges, délicieusement sucrées.

 

Malgré la chaleur, j’étais décidé à me lancer dans la plaine… Mais pour cela, il fallait franchir une deuxième fois la clôture. Je me relevais. Aussi haute que moi, elle représentait un véritable obstacle pour le petit garçon que j’étais alors. Et de ce côté-ci, il n’y avait pas de saules pour m’aider à la franchir.

 

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Qu’importe, je m’arrangeais toujours pour passer, en changeant la manière même... parfois, j’escaladais un des poteaux de bois en posant mes pieds de part et d’autre sur les fils et en tirant sur mes bras pour me hisser. Une fois arrivé sur le dernier fil, je prenais appui dessus et je sautais. Je retombais avec agilité de l’autre côté.

 

A d’autres moments, je rampais dans l’herbe, en faisant bien attention de ne pas accrocher mes vêtements car maman serait déçue si je revenais avec un accroc à mon tee-shirt ou à mon short en toile.

 

Mais ce jour-là, j’avais opté pour une autre façon... à l’aide du bâton de bois qui ne me quittait jamais lors de mes promenades au milieu de nulle part. Je l’utilisais pour appuyer sur le fils le plus bas. Ce faisant, un espace plus large s’ouvrait devant moi et je me faufilais ainsi entre deux fils, toujours en prenant garde de ne pas accrocher les pointes acérées en acier.

 

Je m’abaissais en tentant de rester le plus à l’horizontal possible. Je passais d’abord ma jambe gauche, puis l’épaule. Au moment où je passais la tête, je sentis la morsure du métal froid dans mes cheveux. La pointe de fer s’enfonça doucement et mon cœur battit plus vite.

 

La douleur me tétanisa quelques secondes... Puis je repris le contrôle et je m’abaissais pour m’en défaire. Le fil barbelé lâcha finalement sa prise. J’en sentais la griffe sur ma tête, cela brûlait. Mais je devais encore passer le reste de mon corps, le bras d’abord puis la jambe droite. J’avais mal mais je restais malgré tout concentré sur la manœuvre délicate que j’avais entrepris.

 

Quand finalement je fus passé de l’autre côté, je me redressais et je frottais de la main l’endroit où le fer m’avait égratigné. Je constatais, en regardant mon doigt que je saignais un peu. Mais ce n’était rien comparé aux blessures que je m’infligeais régulièrement en tombant sur les genoux lorsque je jouais dans la cour de l’école avec Franck et Carl.

 

Je mouillais mon doigt avec un peu de salive et je frictionnais maladroitement la plaie, là où Maman guérissait avec tant de douceur mes bobos d’enfant, avec son mouchoir blanc.

 

Je regardais autour de moi et j’étais seul au bord du champ de blé. La chaleur écrasait tout et je pouvais sentir son poids sur chaque centimètre carré de ma peau. Il n’y avait pas un souffle de vent, ce qui rendait ce dimanche après-midi encore plus pesant, oppressant même. Il fallait que je bouge, que j’avance. J’avais envie de rejoindre le bois en passant par la grande pièce. C’est ainsi que l’on appelait le champ d’herbes hautes que je pouvais déjà deviner là-bas, ondulant dans l’air surchauffé de cette journée d’été.

 

Je marchais le long du champ de blé à la recherche des fines allées tracées par le passage des roues du tracteur et qui me permettraient de traverser sans trop m’érafler les jambes aux épis presque mûrs.


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Rapidement, je trouvais l’une de ces allées et je m’y engageais sans hésiter. Je marchais en suivant la ligne et en frôlant au minimum les blés, à la fois pour ne pas m’y griffer mais aussi par respect pour le champ de l’agriculteur... je ne voulais rien abîmer.

 

Je m’arrêtais au milieu du carré planté de blé qui m’arrivait bien au-dessus des hanches.


Blé fou

 

J’avais le sentiment de me noyer pour de bon dans cette blonde onde mûrissante au soleil d’été. Curieusement, je n’étais pas inquiet. Je fis glisser ma main au-dessus des épis dont les barbes se dressaient vers le ciel, je les frôlais afin qu’ils me chatouillent la paume de main. Les chatouillis m’agacèrent rapidement...

 

Une alouette s’envola sur la droite et monta au ciel en chantant sa ritournelle. Je la suivis des yeux, tout en me grattant distraitement l’intérieur de la main. Elle grimpa si haut qu’elle en devint juste un point sombre, infiniment petit sur la toile bleue voilé. Soudain, son chant prit fin et elle se laissa redescendre en planant. Elle disparut bientôt dans le champ, plus loin.

 

Je continuais à avancer sur l’étroite ligne qui traversait le champ. Après plusieurs minutes, je débouchais sur la carrière qui le longeait de l’autre côté. D’un bond, je gravis le petit talus et me retrouvais sur le sol empoussiéré de la carrière. Il n’avait pas plu depuis plusieurs semaines et le sol était recouvert de quelques centimètres de fine poussière grise. Je décidais de marcher au milieu du chemin, là où un peu d’herbe subsistait. “Je me salirais moins !” me dis-je, et tout en le pensant, je m’exécutais.

 

Je progressais à présent rapidement et je martelais le sol du bout de mon bâton de noisetier, pour marquer la cadence. Ce bâton, cela faisait maintenant plusieurs années que je l’emmenais partout avec moi. Je me souvenais du jour où je l’avais choisi. C’était un morceau de bois de noisetier bien vert, découpé avec la scie de mon père dans le jardin de Francine, ma marraine, qui habitait alors en face de chez nous. Aux dernières nouvelles, elle résidait toujours là d’ailleurs et le noisetier en question y prospérait encore aussi, une branche en moins... mais c’était mon secret et personne ne le savait.

 

A l’aide de mon canif, j’avais ôté l’écorce et entaillé le bois au niveau de la poignée pour la rendre plus agréable au toucher. J’avais roussi le bout au feu pour le rendre plus solide. Avec ce bâton de bois vert, je me sentais à la fois fier et fort. Oui, je l’étais et je n’avais pas peur.

 

Mon regard scruta la plaine. J’avais chaud et il n’y avait pas d’arbre sous lequel j’aurais pu me poser un instant afin de me dissimuler des rayons écrasants du soleil. Il faudrait que j’attende d’être sous le couvert du bois dont je m’approchais à mesure où j’avançais. Bientôt, je serai au bord de la grande pièce et de ses herbes hautes. Cette année, la végétation était particulièrement généreuse et traverser la grande pièce allait être un peu plus compliquée.

 

Heureusement, j’avais mon bâton avec moi et avec lui, je n’aurais pas de mal à rabattre les herbes hautes et les grandes orties qui me barreraient le chemin en dardant méchamment leurs terribles épines vers mes cuisses, mes mollets et mes bras nus.

 

A présent, la poussière de la carrière laissait peu à peu la place à de l’herbe plus dense, les tracteurs passaient visiblement moins sur cette partie du chemin. C’était bien normal, dans quelques dizaines de mètres maintenant, le sentier s’arrêtait. Après, c’était le ruisseau et la grande pièce.

 

Sur le bord du grand champ, il y avait un ruisseau dont les eaux s’écoulaient si doucement qu’il ressemblait par endroit à une marre d’eau stagnante, là où des algues vertes se développaient à la surface. Dans ce ruisseau malgré tout, il y avait de l’eau toute l’année. La grande pièce n’était pas facilement accessible lorsque l’on arrivait par ce côté-ci de la plaine.

 

J’avais deux solutions pour y pénétrer. Soit longer le ruisseau jusqu’à la route qui menait au village voisin, ce qui représentait un grand détour ; soit sauter par-dessus le ruisseau, au risque d’y tomber.

 

C’était un obstacle difficile à franchir et ce jour là, peut-être plus que les autres fois car je n’avais pas mis mes bottes. Par ce temps chaud, je portais aux pieds une paire de basquettes, celles que je mettais l’été pour me balader dans les champs. Elles étaient légères et confortables.

 

Bien sûr, j’avais toujours sauté par-dessus le ruisseau. Une fois de plus, j’avais choisi le grand saut pour rentrer sur la grande pièce. La blessure infligée par le fil de fer barbelé me lança à nouveau. Je passais délicatement ma main dessus. Je sentis sous mes doigts une aspérité plus dure... Une croûte était déjà en train de se former. Je décidais de l’oublier…

 

Le ruisseau qui bordait la grande pièce était plus large à certains endroits. A d’autres, il était beaucoup plus étroit. Au bout du chemin, je quittais la carrière et je commençais à longer la grande pièce par la droite, vers l’endroit que je connaissais et où je passais d’habitude. Cet endroit, peu de monde savait où il se situait. J’imaginais qu’à part les chasseurs du coin, j’étais le seul à savoir.

 

Avec mon bâton, je fouettais les herbes du talus pour avancer. Elles n’étaient pas bien hautes, mais je m’exerçais en prévision de la belle partie de moulinets qui allaient m’attendre lorsque j’entrerai sur la grande pièce. Elle était juste là, sur l’autre rive du ruisseau et effectivement, les herbes étaient bien hautes cette année. La fin du printemps avait été bien arrosée, ce qui avait favorisé la pousse de ce champ dressé d’herbes folles.

 

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Au jugé, elles devaient facilement m’arriver à l’épaule. De ci, de là, d’énormes bouquets de grandes orties attendaient, menaçantes. Après quelques minutes de marche, le ruisseau tournait vers la gauche et en tournant, il s’élargissait encore d’avantage. J’avançais plus doucement, sur le bord du champ planté cette année de maïs. Celui-ci était déjà bien haut et j’avais l’impression d’avancer dans un couloir. Un couloir infernal, où la chaleur me brûlait le visage, encore plus… A ma droite, le champ de maïs, à ma gauche, le ruisseau et juste derrière, la grande pièce et ses herbes hautes.

 

Soudain, mon attention fut attirée par un bruit de fuite dans le champ de maïs. J’avais sûrement dérangé un animal... un lièvre ou un lapin peut-être. Je stoppais ma progression et j’écoutais. La course de l’animal avait cessée et je n’entendais plus un bruit. J’étais seul dans ce coin de plaine chauffée par le soleil d’été, entouré malgré moi par nombre de petites créatures planquées, apeurées à mon approche. Je serrais les doigts sur la poignée de mon bâton. Je n’étais guère rassuré moi non plus…

 

Après un temps, je repris la marche. Dans le ciel, la brume de chaleur commençait à donner naissance à quelques nuages. C’est sûr, l’orage éclaterait en fin de journée. Mais j’avais encore le temps d’aller jusqu’au bois et de revenir.

 

Cinq minutes plus tard, j’étais arrivé à l’endroit où le ruisseau faisait un mètre de large tout au plus. A l’école, lorsque nous sautions dans le bac à sable, j’avais l’habitude de sauter bien plus loin qu’un mètre. La seule différence, c’est qu’ici, je ne pouvais pas prendre mon élan pour me projeter de l’autre côté.

 

J’avançais au bord du ruisseau et mes pieds s’enfonçait dans une terre déjà plus meuble, car détrempée par l’eau du ruisseau. Je jugeais du maximum où je pouvais m’approchais et avec mon bâton, je tâtais l’autre côté de la berge en tendant le bras.

 

Rapidement, j’identifiais la zone où je devais retomber pour ne pas me salir et me couvrir de boue.

 

J’étais toujours un peu angoissé à l’idée de sauter. Je piétinais un peu, je regardais attentivement l’endroit où je devais me poser…

 

Enfin, je me décidais et mobilisant tous les muscles de mes jambes, lançant mes bras vers l’avant, je m’élevais en l’air, mon bâton dans la main droite.

 

Sous moi, l’eau reflétait comme un miroir mille petits soleils et l’immensité bleue voilée. Finalement, je retombais sur la berge, un peu plus loin même de l’endroit souhaité. Mon bâton se planta dans le sol et j’avais une fois de plus réussi à franchir le ruisseau. Un sentiment de fierté naquit dans mon esprit et s’évanouit presque aussitôt.

 

Sans me retourner, je gravis le talus et je me retrouvais à présent face à la grande pièce et à ses herbes hautes. A droite comme à gauche le long du ruisseau, des buissons d’épines m’empêchaient de longer. Je n’avais pas d’autre choix que de couper à travers ce champ et ses herbes. Ces dernières étaient encore plus imposantes que je ne le pensais et elles m’arrivaient bien au-dessus de l’épaule… en fait, j’allais y disparaître complètement…

 

Qu’importe, je devais maintenant gagner le bois et rien n’allait m’arrêter. J’étais décidé à tracer mon chemin au travers de ces herbes folles et immédiatement, je décrivis un premier moulinet que j’abattis avec force sur les premières herbes juste devant moi.

 

Le bâton fendit l’air et faucha la végétation immobile. Mon coup tomba à quinze centimètres du sol et les herbes se plièrent. Immédiatement, j’assénais un second coup sur ma gauche et un trou s‘ouvrit dans le mur végétal. Le chemin était à présent dégagé, il me fallait avancer tout droit désormais.

 

La grande partie de moulinet allait commencer et j’en décrivis deux ou trois dans l’air avant de me lancer. Avec férocité, j’abattais ainsi mon bâton sur les herbes devant moi et je progressais doucement. Dans cet air lourd et étouffant, je transpirais beaucoup. Les herbes par endroit étaient très denses et il me fallait m’y reprendre à deux ou trois fois pour les rabattre suffisamment et me permettre de passer.

 

Bientôt, le premier bouquet de grandes orties se présenta devant moi. Les orties étaient encore plus difficiles à abattre que les herbes. Les tiges étaient plus filandreuses. Elles se pliaient difficilement et je devais marcher dessus pour finir de les plaquer au sol. En faisant cela, je devais bien faire attention de ne pas m’y piquer… trop tard, une première morsure vint m’atteindre au mollet droit. Je reculais d’un bon ! Vite, je mouillais mes doigts avec de la salive et je frottais l’endroit qui piquait. Puis rageusement, je tapais les orties devant moi, pour me venger.

 

Réduites à rien, je continuais à avancer. J’abattais sans fin les herbes et mon bras droit me lançait. J’alternais et j’utilisais mon bras gauche pour me reposer un peu. Etant droitier, j’étais moins efficace et j’avançais moins vite encore. Après quelques minutes, je changeais de main à nouveau et je repartais de plus belle.


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J’étais à présent au beau milieu de cet océan de verdure statique et pour m’orienter, je devais bondir sur place pour voir au-dessus des herbes. Ainsi, je maintenais le cap, toujours tout droit, vers l’autre côté du champ et le bois.

 

Tout à coup, je stoppais mes moulinets... les herbes avaient été piétinées sur environ un mètre de côté. Là, gisait sur le sol les restes d’un animal. Il n’y avait plus grand chose, on voyait ici ou là les os, je distinguais assez bien le crâne. Il restait quelques belles touffes de pelage roux… c’était le cadavre d’un renard. L’animal avait dû recevoir du plomb par les chasseurs. Grièvement blessé, il était venu mourir là, seul au milieu des grandes herbes. C’est en tout cas ce que j’imaginais.

 

Du bout de mon bâton, je tapais un peu sur la carcasse et sur le crâne, pour en éprouver la solidité. Les renards étaient de beaux animaux. Je me souvenais en avoir vu un, en plein jour, traverser la pâture du bout du jardin, en bondissant. Voir un renard en plein jour était quelque chose de rare. C’est en tout cas ce que m’avait répondu Maman lorsque je lui avais raconté ma fortuite rencontre.

 

Les minutes passaient et je m’étais laissé distraire par le cadavre du renard. Au bout d’un temps, la fascination morbide laissa la place à un dégoût et il me fallait à présent quitter rapidement l’endroit. Mon cœur battait la chamade et un sentiment de panique face à la mort de cet animal s’empara de moi.

 

Frénétiquement, j’abattis mon bâton sur les herbes à ma droite et j’abandonnais le renard mort à son triste sort. Après trois mètres de progression, je sautais sur place pour voir si la direction était bonne. Visiblement, j’avais un peu dévié sur la gauche et je rectifiais ma trajectoire.

 

J’avançais et à nouveau mon bras recommençait à s’ankyloser, à force de frapper les herbes pour les rabattre. C’est alors qu’un sureau se dressa juste devant moi. L’arbuste n’était pas très haut mais il était bien large et il me barrait le chemin. Mon bâton ne serait d’aucune utilité face à lui et il ne me restait qu’une solution. Je devais défier ma route. J’entrepris de le faire par la gauche, sans vraiment réfléchir car c’était de ce côté là que je venais de porter le premier coup de bâton. Le sureau était infesté de chenilles et de mouches. Ces dernières, attirées par l’odeur de ma sueur, venaient bourdonner à proximité de mes oreilles, se poser sur mes bras et je fouettais l’air de ma main libre pour les faire fuir. La traversée des herbes hautes n’était jamais une partie de plaisir, je le savais bien et les mouches n’arrangeaient pas les choses. Heureusement, plus je m’éloignais, moins elles me suivaient. Quelques minutes plus tard, j’étais à nouveau seul, perdu au milieu de nulle part, dans cette immensité verte et étouffante.


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Je levais la tête et je voyais à présent la cime des arbres. Le bois était proche maintenant. Je touchais au but car dans quelques minutes seulement, j’allais atteindre l’extrémité de la grande pièce. Cela me donna un regain de force et de courage pour rabattre sans cesse ces maudites herbes hautes…

 

Finalement, j’abattis pour la dernière fois mon bâton sur les herbes et je plantais ce dernier dans le sol avec force. Je frottais ma main droite endolorie avec ma main gauche. La paume était bien rouge, ainsi que mes doigts. Les petites cales à la naissance de ces derniers me lançaient un peu… elles s’endurciraient davantage encore.

 

Désormais, je me trouvais à l’ombre des grands arbres et le soleil ne perçait qu’en de très rares endroits. Toutefois, il n’y avait pas un souffle d’air et l’ombre moite colla un peu plus mon tee-shirt sur ma peau. J’avais chaud mais dans un instant, je savais que je n’y penserais plus.

 

En effet, j’étais arrivé devant le bois et devant moi, se trouvait enfin ce pourquoi j’avais bravé les herbes hautes de la grande pièce :

 

les grands ronciers étaient chargés de mûres.

 

Je m’approchais sans mal et je commençais à m’en régaler. J’en cueillais rapidement six ou sept que je décidais de manger en une fois. Les mûres étaient sucrées, délicieuses à souhait. Elles craquaient sous la pression de mes dents et un jus suave, infiniment doux saturait mes papilles. C’était ma récompense, en ce chaud dimanche d’été.

 

Quand je serais rassasié, je repartirai vers la grande pièce, mais le chemin était déjà tracé.

 

Dans le ciel, à travers les arbres, le soleil brillait moins fort. Au loin, j’entendis pour la première fois gronder… l’orage s’annonçait et je devais rentrer ! Il était tard, maintenant...


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