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Eclatobulle

le formatage

14 Avril 2013 , Rédigé par Eclatobulle Publié dans #Moments de vie

Voulez-vous vraiment formater le lecteur C ?

 

OUI                        NON

 

Il y a quelques temps de cela, il m’est arrivé une histoire de fou ! Si, si, et je n’invente rien. Cela faisait des années que j’avais une vieille bécane, c’était d’ailleurs ma première bécane, que j’avais monté de toutes pièces. A l’époque, les bécanes, on arrivait encore à se les dégoter pour pas cher. C’est certain, son look était assez sommaire, mais à l’époque, je n’étais pas trop regardant, j’étais jeune, j’avais juste besoin de puissance et de fiabilité ! Au fil des ans, la puissance s’était révélée insuffisante mais je l’avais conservé car sa fiabilité n’était plus à démontrer... normal, c’était du vieux matos, obsolète certes, mais je l’avais bien boosté. J’avais changé à plusieurs reprises le disque dur, dopé la mémoire et mis des stickers un peu partout pour faire mode ! Quand j’y repense, j’en avais passé du temps à la bricoler, à la démonter, à faire des mises à jour et des mises à point.

 

Mais c’était cool et elle et moi, on prenait du bon temps en fin de compte. C’était bien là l’essentiel !

 

Elle tournait sous un vieux système d’exploitation dont je tairai le nom pour ne pas faire de publicité... c’est sûr, tous les deux, on en avait passé des heures... moi à la bidouiller, elle à ramer et à planter... elle me faisait râler mais je l’aimais bien ! A la fin, on formait une espèce de vieux couple, on se connaissait par cœur !

 

C’est drôle comme on s’attache... parfois !

Pourtant, ça ne me ressemble pas…

 

Et puis un jour, ca a été le drame. Tout est partie avec l’installation d’un nouveau logiciel dédié à la photo avec des plugs-in d’enfer. J’en étais dingue, il me le fallait ! Mais seulement, mon système était ancien et pour que ça fonctionne sur ma vieille bécane, je devais faire d’importantes mises à jour, des “màj” comme on dit !

 

Alors, j’ai fait une énième mise à jour par Internet... la mise à jour de trop, sans doute ! Et plus rien ne fut comme avant. Elle s’est mise à buguer, à déconner. Moi qui avait tant confiance en elle, elle affichait n’importe quoi : écran bleu, écran vert, écran rouge ! Pire, elle semblait avoir perdu tout sens logique, elle qui avait été si raisonnable !

 

Il fallait bien que j’admettes l’évidence :

elle avait tout simplement été piratée.

 

Oui, un hacker était dans la place et il la contrôlait à distance. Je ne la reconnaissais plus, en si peu de temps... Elle ne réagissait plus à mes sollicitations. J’ai bien tenté de la redémarrer, mais même ça, il n’y avait rien à y faire... j’ai commencé à paniquer car je me rendais bien compte que j’étais en train de la perdre. Si je la perdais, je perdais avec elle des années de complicité, d’effleurements quasi sensuels et aussi tous mes fichiers, tous mes clichés, toutes mes histoires à dormir debout, mes récits à coucher dehors... c’est clair, j’allais finir tout nu et complètement désemparé !

 

J’ai donc fait la seule chose à faire : je l’ai débranchée ! Oui, je n’avais plus d’autre choix et je m’y suis résigné à contre cœur. J’ai avancé la main vers la prise et j’ai tiré sur le cordon.

 

Instantanément, le courant fut coupé et je fus envahi d’un étrange sentiment… c’était comme si je l’avais euthanasiée !

 

Attéré, j’ai regardé l’écran noir, vide ! J’étais abasourdi et aussi un peu en colère car j’avais toujours fait tout ce qui fallait… enfin, je le croyais : des mises à jour systématiques, des anti-virus performants, des défragmentations régulières, des scandisc à bon escient... j’étais dégoûté, me faire ça à moi ! Comment une bécane aussi fiable, aussi chevronnée avait-elle pu se laisser entortiller aussi facilement ? Nous n’en étions pas, elle et moi, à notre premier téléchargement !

 

Et pourtant, la réalité était là, devant mes yeux, avec cet écran infiniment vide et sombre... Sans même m’en rendre compte, je suis passé sous le bureau, une vieille habitude certainement. Je l’avais fait si souvent… et là, j’ai regardé l’unité centrale. Elle était là ! Ma main, machinalement, se posa sur ses côtés. Ils étaient encore chauds. Hagard, j’ai appuyé sur ses boutons... plus rien, aucune réaction !

 

Je suis resté là pendant un moment, assis sur le sol parqueté. J’aurai volontiers pleuré mais à l’époque, j’avais oublié comme on faisait.

 

Il me fallait un peu de temps. Puis, mon esprit, las, sous le choc, se remit doucement en marche car la nature humaine est ainsi faite heureusement. Même devant les grandes évidences, on se prend à espérer qu’une autre fin est toujours possible... c’était trop bête, je ne pouvais pas en rester là, avec ma vieille bécane. Elle méritait mieux que ce triste sort de machine vérolée. J’allais me battre, ne pas la laisser parce qu’elle le valait bien !

 

Et si je formatais le disque ? Ensuite, je pourrais reprendre l’ancien système et tout réinstaller. Oui, la solution était là. L’espoir venait de renaître, comme un retour de flamme dans le cœur brûlé d’un amant éconduit qui se désespère sottement de revoir un jour son aimée ingrate !

 

Enthousiaste à l’idée de changer le cours de l’inévitable réalité, je débranchais le câble Ethernet et je rebranchais la prise d’alimentation électrique sur le boîtier.

 

D’un geste sûr, je pressais le bouton “Démarrer”. La machine démarra, le ventilateur tourna. J’étais confiant, ça allait fonctionner.

 

Dès les premiers écrans, je pris le contrôle de la machine, par le DOS, à l’ancienne. C’était un peu roots et j’allais bien me marrer ! De fenêtre en fenêtre, je naviguais pour arriver finalement sur le panneau de commande approprié :

 

Voulez-vous vraiment formater le lecteur C ?

 

J’ai déplacé le curseur. L’onglet “Oui” s’est alors mis en surbrillance... Mon index s’est lentement levé et sur le bouton “Enter”, il s’est posé.

 

Je le fais... je ne le fais pas... je le fais... je ne le fais pas...

 

Je ne savais plus ce que je devais faire. En appuyant sur “Enter”, je savais que je perdais définitivement tout ce qui se trouvait sur le disque, tous mes souvenirs se trouvaient dans cette fichue bécane et en formatant le disque, ils étaient à tout à jamais perdus...

 

Finalement, j’ai appuyé et le formatage du disque a commencé. Au terme du processus, j’allais pouvoir réinstaller mon vieux système. Tout allait fonctionner comme avant, mieux encore sûrement. C’est vrai, j’avais perdu beaucoup de données mais on allait pouvoir repartir sur de nouvelles bases, elle et moi !

 

Confiant en l’avenir qui nous attendait, j’ai patienté…

 

Après vingt-cinq minutes, l’opération était terminée et j’allais pouvoir éteindre et redémarrer.

 

J’ai appuyé sur le bouton et la machine s’est de nouveau éteinte. J’ai attendu une trentaine de secondes et j’ai redémarré.

 

Très vite, j’ai compris que quelque chose clochait. Finalement, un écran bleu apparut et au centre de celui-ci, les mots qui resteront à tout jamais gravés dans ma mémoire :

 

Failure

 

Echec... Comment en étions-nous arrivé là ? Impossible de redémarrer le disque et le système était définitivement planté.

 

C’était foutu et le samedi suivant, avec l’unité centrale sous le bras, je débarquai à la déchetterie. Quand j’ai balancé l’unité centrale dans la benne, mon cœur s’est serré et une petite larme aurait coulé, en d’autres temps. Pourtant, c’était ce que j’avais de mieux à faire. On s’occuperait bien d’elle. J’en été persuadé et peut-être avec un peu de chance, un type pas trop regardant et un peu bricoleur arriverait à la rafistoler. Au pire, elle serait recyclée et resservirait... pour autre chose. Dans tous les cas, j’étais confiant car pour elle, une nouvelle vie allait commencer !

 

Aujourd’hui, quand j’y repense, je me dis que cette première bécane, c’est comme un premier amour. On voudrait que ca dure tout une vie. Mais on choisit toujours un peu au hasard, sans savoir si le choix est toujours parfaitement adapté... pendant longtemps, je me suis contentai de ma vieille bécane et puis le jour où elle m’a lâché, j’ai pris conscience que les bécanes avaient tellement évolué !

 

Epilogue

 

Un univers de nouveautés s’ouvrait à moi, avec des logiciels et des fonctionnalités toujours plus élaborées... Aujourd’hui, ma nouvelle bécane m’offre d’infinies possibilités. C’est top ! Et si demain, la petite nouvelle vient à planter, ce ne sera plus un drame mais une opportunité... de changer !

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M
Excellent ce texte Fred !
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